Quels sont les risques d’une construction sans étude de sol G2 ?
Imaginez une maison neuve, livrée il y a six mois, dont les murs se fissurent progressivement, les portes refusent de se fermer et les dalles se déforment. Ce scénario, malheureusement fréquent dans des régions comme l’Île-de-France ou la Nouvelle-Aquitaine, trouve souvent son origine dans une absence d’étude de sol G2. Cette étape, pourtant déterminante, permet d’adapter la construction aux spécificités du terrain et d’éviter des désordres majeurs.
Réalisée en phase de conception, cette investigation géotechnique identifie les risques liés au terrain (portance, stabilité, présence d’eau) et guide les choix techniques pour les fondations. Voici en détails les risques auxquels est exposée une construction dans une investigation géotechnique appropriée.
Les tassements différentiels

Un tassement différentiel correspond à un affaissement inégal du sol sous les fondations, générant des contraintes destructrices pour le bâti. Ce phénomène survient principalement lorsque le terrain présente des hétérogénéités de composition (alternance de couches d’argile et de sable, remblais mal compactés) ou subit des variations d’humidité localisées.
Plusieurs facteurs peuvent expliquer ce déséquilibre :
- présence de couches hétérogènes ;
- remblais mal compactés ;
- des variations locales de l’humidité du sol.
Dans de telles conditions, une partie de l’ouvrage peut s’enfoncer plus rapidement que l’autre, générant des déformations structurelles. Ces désordres sont souvent progressifs, mais leur impact peut devenir significatif sur le confort d’usage et la valeur du bien immobilier.
Toutefois, grâce à la reconnaissance géotechnique opérée lors d’une étude de sol G2, ces anomalies peuvent être anticipées. Les investigations comme les essais pressiométriques ou les sondages destructifs permettent d’évaluer la portance du terrain et d’adapter en conséquence les fondations : profondeur, type (semelles, radier, pieux), armatures.
Les risques liés aux sols argileux
Les argiles, présentes dans près de 48 % du territoire français, possèdent une sensibilité accrue aux variations hydriques. Leur capacité à se rétracter en période de sécheresse, puis à gonfler lors des pluies, déclenche des mouvements de terrain cycliques responsables de plusieurs sinistres immobiliers. Ce mécanisme cyclique, connu sous le nom de retrait-gonflement des argiles, provoque des mouvements de terrain susceptibles d’altérer sérieusement les fondations. En l’absence de solutions constructives appropriées, les structures subissent des fissurations progressives, des déchaussements, voire un effondrement partiel.
L’étude de sol G2, notamment dans sa version AVP (Avant-Projet), permet d’identifier la présence de ces sols sensibles. À partir des résultats obtenus, le bureau d’études géotechniques peut proposer des fondations adaptées telles que des semelles filantes sur profondeur homogène, un dallage désolidarisé ou encore des fondations profondes pour éviter les zones actives du sol.
Les risques liés aux cavités et nappes phréatiques

Au-delà des caractéristiques superficielles du sol, certains aléas géotechniques sont invisibles en surface mais peuvent se révéler destructeurs. Autrement dit, un terrain en apparence stable peut dissimuler des cavités naturelles ou des remblais hétérogènes issus de remaniements antérieurs.
Les cavités naturelles (karsts, grottes, poches d’érosion) ou anthropiques (anciennes galeries minières, carrières désaffectées) peuvent provoquer des affaissements localisés ou des effondrements sous les charges d’exploitation. Leur présence n’est détectable qu’au moyen de sondages profonds ou de reconnaissances spécifiques, typiquement intégrées dans la mission géotechnique G2.
Quant aux remblais non portants, souvent issus d’anciens dépôts ou de déblais non contrôlés, ils présentent une portance très faible et une hétérogénéité mécanique difficilement compatible avec une construction stable. En l’absence d’étude géotechnique, rien ne permet de différencier ces zones instables des terrains sains.
Enfin, les nappes phréatiques (lorsqu’elles sont proches de la surface ou sujettes à des variations importantes), peuvent déstabiliser les fouilles, saturer les sols fins ou encore entraîner des soulèvements de radier par pression hydrostatique.
L’étude de sol G2 déploie des méthodes adaptées à ces risques :
- Sondages pénétrométriques pour détecter les zones de faible compacité ;
- Analyses hydrogéologiques évaluant les variations saisonnières de la nappe ;
- Prospection géophysique (radar, sismique) pour cartographier les vides souterrains.
Ces diagnostics permettent d’adapter le projet : mise en place de pieux traversant les zones instables, drainage périphérique ou choix d’une emprise évitant les cavités. À défaut, les coûts de confortement a posteriori (injections de résine, reprises en sous-œuvre) dépassent fréquemment le budget initial de construction.
Conclusion
Construire sans étude de sol G2 revient à engager un projet à l’aveugle, en méconnaissant des paramètres déterminants pour la durabilité de l’ouvrage. Que ce soit à travers les tassements différentiels, les instabilités sur sols argileux ou les aléas cachés comme les cavités ou les nappes phréatiques, les risques sont bien réels et souvent irréversibles.
Au-delà des considérations techniques, l’absence de cette étude peut également remettre en cause la prise en charge par l’assurance décennale, exposant ainsi le maître d’ouvrage à des litiges ou à des coûts de réparation bien plus élevés que ceux d’une étude géotechnique en amont.